Je suis un peuple sans feu ni lieu
Un peuple métèque
Je suis de braises et de cendres
De glace et de lacs
Frette et blanc
Noir et grand
Mornes éclats de nos aïeux
Débats sans foi ni dieux
Nous sommes des chasseurs sédentaires
Des agriculteurs nomades
Des guerriers sans peurs
Pacifistes sans réserves
Je suis de Poitiers en Poitou
Toujours m'a raconté ma mère
Je suis de Normandie
Dit mon père en écho
Tous les deux sont morts à Belfast
Affamés, trucidés, suicidés
Tous les deux venaient de Londres
Avaient fait fortune à Édimbourg
Ils étaient commerçants et mendiants
J'étais orphelin de rang
Qui donc récoltait le maïs
Naviguait dans l'écorce?
Qui donc a couru les bois,
Négocié la fourrure?
Cultivé la terre,
Imaginé les villes?
Et coupé le bois, et vendu le bois?
Et construit les bateaux
Et vendu les bateaux?
Et fait la guerre
Et parcouru les mers?
Quelconques conquérants conquis
Dont l'ailleurs est ici
Les hivernants sont repartis
De corps ou d'esprit
Les autres habitent toujours ici
De coeur et d'esprit
Bandes d'habitants
Conquérants conquis et cocus font bon ménage
Dans ce pays qui n'existe pas
Ce pays sans patrie
Ce pays castré
Par ses mères patries
Cessez vos rêves insensés
Vous serez pendus au Pied-du-Courant
Irresponsables ingouvernables
Établis le long des voies d'eau
Habitants des villes, habitants des champs
Creuseurs de "ch'nails" et de canaux
Poseurs de tails* et de rails
Jarrets noirs et autres colons,
Des rongeux de balustre en colère,
Des Bloques, des Chintock et des Pollock
Pas encore de Kmers ni de Viets
Des suceux de nanane
Mais pas encore de mangeux de pain naan
La Barbade est loin sur les pintes de mélasse
La Grenade n'est surtout pas un fruit
Et pas encore une île
Les Syriens sont des juifs qui fréquentent la messe
Et communient sous les espèces
Sam et ses Steinberg ne sont pas un groupe rock
Et je ne rêve pas encore de tartinade Mouhara chez Adonis
Une patate sauce au Ritz,
Chez Cassar, le père, me comble d'aise
Existe-t-il ce vaillant Morini
Du régiment de Carignan?
Jean-Talon avant d'être marché
Fut-il vraiment intendant?
On dit que Deschamps était un humoriste
Et que Michel Mpambara fait salle comble
À Chicoutimi
Je roule à vélo sur le Lakeshore
Avec Abramson le bourru et Notkin l'obséquieux
Neale la rigolote et Deslauriers le polyglotte
Un peloton du dimanche sans histoire.
Vous dites, mon cher Venster?
La planète est une peau de chagrin
Ratatinée, de boue séchée,
L'or noir fume et m'enfume
L'ours polaire se noie sous les tropiques
Le fleuve est un chenal à creuser
Les journaux sont des galettes à la menace
Quand les hommes vivront d'amour
Quand les hommes vivront d'amour
C'est plein de misères plein de misère
Nous ne sommes pas morts mon frère
Nous ne sommes pas forts mon frère
Romain, cyrillique et grec, les alphabets,
Ni romain, ni cyrillique, ni grec l'alphabet
On écrit de droite à gauche
De bas en haut et inversement
Vous êtes de l'Inde ou du Pakistan
De l'Argentine ou du Salvador
Philippin! vous m'en direz tant
Les prix sont bons chez Sakaris
On se bouscule à l'Olivier
Pour la viande Halal de Monsieur Rekik
Célestine servira ce soir son poulet créole
Je suis un peuple métèque
Rien qu'un peuple d'habitants
Nous sommes vivants mon frère
Et il nous plaît de vivre ensemble
À la métèque à la Manic
Tamdidelam, tamdidelou
Tamdidelam, didelou
La coque rouillée du Majestic
Fend l'eau du chenal
Le fleuve est à refaire
Je suis un peuple d'habitants
Sans droit de cité
Je suis un peuple de métèques
Sans feu ni lieu
Une terre à inventer
Une terre à partager
D'ousse que ch'ue
D'ousse que t'é
Ousse qu'on é
Tamdidelam, tamdidelou
Tamdidelam, didelou
_________________________
* tails : dormants de chemin de fer
lundi 31 octobre 2005
dimanche 30 octobre 2005
Déjà l'hiver
Je ne crois plus que la terre est ronde
Mais dites-moi au moins qu'il ne neige pas à Lisbonne
Je n'irai pas à Carcassonne, avec vous,
Ni ne verrai Agrigente, dame,
Tant l'éclat de vos yeux
A d'ores la couleur douce du repos
Cessez de vous tourmenter
Ni de pleurer, ma belle
Dormez, dormez, belle Corrine
L'hiver est si vite arrivé
Puisque déjà fleurit le dernier printemps
Mais dites-moi au moins qu'il ne neige pas à Lisbonne
Je n'irai pas à Carcassonne, avec vous,
Ni ne verrai Agrigente, dame,
Tant l'éclat de vos yeux
A d'ores la couleur douce du repos
Cessez de vous tourmenter
Ni de pleurer, ma belle
Dormez, dormez, belle Corrine
L'hiver est si vite arrivé
Puisque déjà fleurit le dernier printemps
lundi 17 octobre 2005
1965
Ayant réalisé le procédé inverse de l'endosmose abusive de l'assertorique dans l'apodictique, le comédien s'asseoit dans la salle et se donne un spectacle;
Et c'est un monde à mourir de rire, un opéra sur un air de twist où le barbier de Séville, un nommé Garofi, devient cycliste funambule et lave les dents de l'hippopotame avec une brosse à plancher.
Le bal des voleurs de réverbères et des allumeurs de banques... Et le charmeur de serpents qui meurt dans son char, une grappe de chats à la main... C'est la vraie foire aux encres.
C'est fatal.
Plus haut que la cime des feux
Croissent les arbres morts
Coulent les eaux stagnantes !
Créons la nouvelle oasis
Élevons cette autre Manic
Forgée dans la courbe lumineuse.
Et c'est un monde à mourir de rire, un opéra sur un air de twist où le barbier de Séville, un nommé Garofi, devient cycliste funambule et lave les dents de l'hippopotame avec une brosse à plancher.
Le bal des voleurs de réverbères et des allumeurs de banques... Et le charmeur de serpents qui meurt dans son char, une grappe de chats à la main... C'est la vraie foire aux encres.
C'est fatal.
Plus haut que la cime des feux
Croissent les arbres morts
Coulent les eaux stagnantes !
Créons la nouvelle oasis
Élevons cette autre Manic
Forgée dans la courbe lumineuse.
dimanche 2 octobre 2005
Dimanche d'automne
C'est octobre
Le soleil paresse bas dans le ciel
Un velours à ne pas se presser
Les chalands sourient
Ont tout leur temps
Madame l'Archevêque aussi
Le boulanger n'a déjà plus de pain
Il n'est pas deux heures
C'est dimanche
Tout s'étiole
Deo gratias
Le soleil paresse bas dans le ciel
Un velours à ne pas se presser
Les chalands sourient
Ont tout leur temps
Madame l'Archevêque aussi
Le boulanger n'a déjà plus de pain
Il n'est pas deux heures
C'est dimanche
Tout s'étiole
Deo gratias
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