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lundi 13 février 2006

Je ne suis pas libre d'écrire : vous me lisez


Un arbre
Très vieux
Très gros
Tordu
Vrillé

Monte péniblement vers le ciel
Avant de mourir

Des patineurs
Très beaux
Très jeunes
Glissent
Tournent
Vont et viennent en boucle

Sur l'étang
Gelé

Un lecteur
Ni vieux ni jeune
Ni beau ni laid
Une femme sûrement

Rent a car in Lebanon

Gebal-Byblos
Terminus
Tout le monde descend

Pour un café
Infâme
Au Dunkin Donuts
Café des Infidèles
Jbeil

Je ne suis pas libre de vous écrire : vous me lisez

dimanche 5 février 2006

Une note bleue

Je t'implore
Je t'explore
Et je plore
Au vent mauvais

Je m'exporte
Tu m'importes
Je te porte
Et m'emporte

Je te prie
Je te plie
Je te prends
Deça delà

Pareil à la feuille morte
Tout doucement sans faire de nuit
Je suis venu te dire
Les jours anciens
Et je pleure

Te dire
Et je pars


Sur le thème du "trombone fatigué"
proposé par Coïtus Impromptus V2, février 2006

jeudi 2 février 2006

Souvenirs de Volovostock II

Peut-être eut-il mieux valu que la grande Chicoine aux yeux verts, figure emblématique de la relaxation luxuriante et de la sexualité horticoliforme qui fit se morfondre en pâmoison des légions d'adolescents alors que le gros Bordeleau aux jambes arquées faisait se tordre les adolescentes de plaisir à sa seule vue, peut-être eut-il mieux valu qu'elle se penchât sur le sort des crapauds envahisseurs dont l'espèce importée de Barbarie Mineure au hasard des circonvolutions du Grand Tornon Express de la Volodistan Railway menaçait la survie des mouches à miel dont les nébuleuses stridentes multipliaient jusqu'à quelques fois par dix le nombre d'alternances du jour et de la nuit dans les montagnes de la Grande Botanesque au lieu comme elle l'a fait de se morfondre en vaines récriminations sur la distribution des fonds alloués par l'État pluri-central à l'insémination cyberpéridermique des femmes porteuses dont les facultés reproductrices étaient mystérieusement tombées sous la barre du zéro Gardian au lendemain de la fin du commencement de l'interminable altercation entre les Korasses d'Euthanasie de l'Est et les Pilasses de Souverénie, chamaille épique dont les retombées ont accéléré le déclin de l'Empire. Mais si tel avait été le cas nous n'en aurions jamais rien su tant le murmure de nos souvenirs aurait été couvert par le libre cours des stridences nébuleuses de telle sorte que moi, Alexandre Samuelson, je ne pourrais pas aujourd'hui ni demain vous narrer d'aussi élégante façon ce qui ne survint pas. Point, foi d'Eugène Proteau.

mercredi 1 février 2006

Souvenirs de Volovostock I

C'était un matin de juin. L'année importe peu puisqu'il n'est rien arrivé. Je n'avais pas dormi depuis une dizaine de mois. Ou peut-être moins. C'est ce qui ressort du téléversement scripturaire de la mémoire flageolante d'Eugène Proteau, le protozoaire protoplasmique. C'est ainsi que vous m'appelez. Du moins il me semble.

Vous, vous n'aviez pas encore vos lunettes noires. Celles sous lesquelles vous disparaissez sans que rien n'y paraisse. Vous étiez donc là. Alors que maintenant...

En ce temps le temps s'écoulait en spirale tandis que le grand Réal agglutiné autour d'un bol gluant de café sirupeux ruminait des orages à venir. Ce n'était donc pas un acouphène ce grondement lointain. Mais peut-être n'avez-vous rien entendu à cause du bruit assourdissant d'une nébuleuse de mouches à miel en errance.

Le chèvre chaud puait. Un mauvais chèvre. Et pourtant il n'est rien arrivé. C'est précisément pour cette raison que je m'en souviens. Autrement j'aurais tout oublié. Comme ce matin de juin. L'année importe peu.

À cette époque de grande déconfiture des hordes de crapauds guerriers parcouraient les vallées à la recherche des derniers claustrés, rares survivants du gel vert qui s'était répandu sur les contrées boréales à la faveur d'une élection fumeuse qui, c'est ce qu'on prétend, fut la dernière. Depuis, il n'est plus rien arrivé. Sinon j'aurais oublié. Comme ce matin, au déjeuner, alors que j'étais seul avec Eugène Proteau. Vous portiez vos lunettes noires.

Je suis Alexandre Samuelson, le dernier des facteurs d'orgue à tétons du Volodistan à pratiquer son art à Volovostock aux marches de la Barbarie Mineure. Vous êtes, Alexandra MacDonald, ombre d'un souvenir éteint, jardin de fleurs séchées sur les rives du Grand Lac Ensablé.

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Je dispose de 1200 caractères. Le reste, c'est de la frime.