Pages

lundi 28 novembre 2005

Où sont...

Où sont les fruits, les fleurs et les feuilles
Où sont les poètes et les joueurs de luth

Il pleut froid sur Montréal
Le verglas couvre tout
Brillance fugace
Éphémère linceul
Tout s'arrête un seul jour

Ploient les branches
Sans fruits, fleurs ni feuilles
Meurent les poètes
Sans un cri, ni pleurs

Personne pour célébrer le deuil
Le deuil

Des vieillards encore jeunes
L'âme déjà pétrifiée
Pissent sur les incandescentes
Naissances

Plus rien ne vaut
Ils pleurent de n'avoir que des souvenirs
Froids

Bandes de vieux crisses de chiâleux
Vieilles slush sans corps et sans coeurs
Des lendemains de verglas
Regardez comme la neige est belle qui vient
Qui vient

dimanche 20 novembre 2005

Conjugaisons

C'est à l'assertif présent
Que je suis
Je crois tu crois nous croyons
Pour être

C'est au dubitatif de tous les temps
Que je vis
Je chante je ris je pleure je crie
Pour vivre

C'est à l'imparfait du disjonctif
Que j'aime
Pour ne pas mourir
Tout à fait

Votre cul tel un iris d'eau
Se balance au dessus du temps
Et mourir se conjugue
Souverain
Au présent du poétif

Le dernier métro

Je ne prendrai pas le métro
Je n'ai pas de correspondance
J'ai oublié
Ni mes lettres de créances

D'où je viens il n'y a pas de gens heureux
J'ai oublié
Où je vais je ne sais la couleur des feux
Ou est-ce le ciel qui se mire dans mes yeux
Rouge

Est-ce que jeudi matin te convient, vieux frère?
Si tu savais tout ce qu'il nous reste à faire
Depuis hier
Jusqu'à demain

Surtout ne rien dire
Ne pas croire pour ne pas pleurer
Rire

Le métro partira sans moi
Je marcherai droit
Jusque là
Si je frisonne
C'est qu'il y fait froid

Surtout ne croire personne
Ni dieu ni Diable
Bien au delà
Charivari et grand aria
Nous partirons ensemble pour Ouarzazata

Vous avez marché jusqu'ici! me direz-vous
Avez-vous vos lettres de créances? me demanderez vous

samedi 19 novembre 2005

Si nous n'étions que...

Des coccinelles
bleues
Des salades
vertes
Des macaques
casaques

À la dérive
au large de Causapscal

Codicilles
au désordre du monde
Souvenirs
anachroniques du futur antérieur
Vire-capots
de la survenance

Banc de krill
à l'ouest de l'Antarctique

Festin de la grande baleine

L'église Saint-Stanislas

Trois chaises à la main
Il sortait du grand bazar
Maladroit

N'apportez pas vos chaises en paradis
Lui avait dit la vieille femme
Les places sont réservées

Chacun son bac vert
Avait répondu l'autre
L'homme aux cheveux bleus

Qu'ils reposent en paix
Avait marmonné le curé
Désoeuvré

La table aussi
Était bancale

L'odeur des mots

Je suis un pèlerin
de l'imaginaire
Un itinérant
de la lettre morte

Je me recueille
dans les livres d'images
Je me cueille
comme feuille morte

Je marche
sur le flanc d'un volcan
Je ne veux pas naître

Je randonne
Je m'abandonne
Je déraisonne

Je me cramponne
Aux glaces noires du silence

Je me tais
Et vous dit la grâce
de l'espace blanc

Du blanc béat
B-A ba
Thuriféraire de l'abécédaire

Je suis un recycleur
Un farfouilleur

Les mots sont des bacs verts
Pêle-mêle de pense-bêtes
Je suis un bricoleur
un recycleur

Un mot ou l'autre
De temps à autre
S'enflamme
et se consume

Brûle le sens
Comme brûle l'encens
Autour des catafalques
Où reposent les proses frigides

vendredi 18 novembre 2005

Vous êtes en retard

Vous êtes en retard
Couleur somptueuse de la beauté
Je ne vous attendais plus

Êtes-vous seule
Et vos soeurs qui vous accompagnaient
Ont-elles péri dans les affres noires

Restez je vous en prie
Ne partez pas si tôt
L'hiver est si près

Et vous effluves somptuaires de l'ambre gris
Que ne ravivez l'extase et l'enchantement
Je souffre depuis hier ou ne sais quand
Tant le temps est sombre et lent

Lumière blanche

Il y eut un été
Il y eut un automne
Ce matin
L'hiver

D'un coup sec

Froid qui me pince l'âme
Je marche doute au corps

Il n'y a pas de neige
Pas encore

Mais la lumière
La lumière
Toute blanche

jeudi 17 novembre 2005

Aujourd'hui

Depuis l'aube
C'est la chicane
Le soleil et les nuages

Le vent
Tantôt va trancher

mercredi 16 novembre 2005

L'inspiration vient en marchant

Tu me zigonnes les neurones
Tu me phagocytes les astrocytes

Puis ça fait tilt
Pas de partie gratuite

Le vent se lève
Fort
La pluie tombe
Dru

Je me réfugie
Chez Papi
Repas légers
Un expresso bien tassé

On s'est trompé
On va changer d'côté

C'est pas pour aujourd'hui

mardi 15 novembre 2005

Vos gueules, les mères de notaires

Vos gueules, les mères!
Les bonnes mères
Les mères parfaites
Les mères de notaires
Laissez-moi vivre
Laissez-moi dire
Faites-moi rire

Vous m'avez dit qui j'étais
Vous m'avez appris mon rang et mon sang
Je suis qui vous avez dit
Ma mère

Vous leur avez dit le bien et le mal
Inculqué des vérités bien faites
Ils pensent droit, ils pensent court
Mes petits qui n'en sont plus

Vous nommez leurs émois
Leurs joies leurs peines et leurs colères
Vous inventez leur âme
À vos petits si petits

Vous êtes nos mères
Responsables et mesurées
Parfaites
Nous sommes vos enfants
Fugueurs aux fougues fugaces
Gentils
Obéissants

Vos gueules, les mères
Fausses domestiques
Qui domestiquez l'enfant fauve
Au nom du père
Et du père

Lui au moins on peut le tuer
C'est répertorié
Pas vous les parfaites
Les imperfectibles
Les pas tuables

Je vous veux irresponsables
Houleuses
Et turbulentes
Berçantes tolérantes
Berceuses heureuses

Je vous rêve sans mission
Ne sachant pas qui je suis
Ne me disant pas ce que je pense
N'inventant pas mon âme

Cessez d'être mères

Laissez-nous la vie
Puisque vous la donnez
Je vous aime irréfléchies et maladroites
Et vos petits malappris mal dégrossis

Bien malgré vous ma mère
Je suis parvenu à ne pas être notaire
Quoique votre fils ma soeur soit administrateur
J'espère pour lui qu'il sache lire encore
Et vous ma fille je rêve pour votre fils
Des troubles de l'âme qui le feront naître

Jamais je ne pisserai sur vos tombes
Mères parfaites
Puisque vous êtes immortelles

vendredi 4 novembre 2005

Les derniers humains

Entre le Café Byblos et les Derniers humains
J'erre espace blanc je te cherche

J'ai longtemps fréquenté le Porté disparu
Pour les yeux d'Hélène
Le soleil du matin
Toutes lumières irradiantes

Portes closes
Paupières fermées

J'erre espace blanc je te cherche
Entre le Café Byblos et les Derniers humains

Ici Emela la patronne la mère
Règne
Lumière crue vive froide
Mère de toutes les certitudes

Là le jugement dernier n'aura pas lieu
Le patron patibulaire prononce un non-dieu
Feu catatonique
Restes humains non-identifiés

Les mustangs ne courrent plus
Sur l'écran du Château
La marquise précise
Dieu est pardon
Célébration à 10 heures

J'erre espace blanc je te cherche
Il y a si peu de la coupe aux lèvres
Entre le Café Byblos et les Derniers humains

Qui êtes-vous ?

Ma photo
Je dispose de 1200 caractères. Le reste, c'est de la frime.